Quand Denis Podalydès, Gaspar Noé, Albert Dupontel et Marc Caro jouaient dans un slasher...
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Quand Denis Podalydès, Gaspar Noé, Albert Dupontel et Marc Caro jouaient dans un slasher...



Je suis ton châtiment est un court-métrage qui avait tout pour devenir culte : avec un casting composé de cinéastes 4 étoiles (où l’on rencontre Denis Podalydès, Jan Kounen, Marc Caro, Albert Dupontel, Gaspar Noé et même des acteurs comme Zinedine Soualem…) et figures de ce que les critiques américains appelleront la “New French Extremity”, il pourrait presque préfigurer le Dernières séances de Laurent Achard - à la différence près que dans le court de Bréaud, c’est un spectateur cinéphile, et non le projectionniste, qui s’inspire des films qu’il voit pour goûter à son tour au meurtre façon slasher.


Produit par Le Village de Nuit (1) à la demande de Canal +, le film a été diffusé pour la première fois le 10 octobre 1996 sur la chaîne cryptée. La section court métrage, à l’époque dirigée par Pascale Faure (2), avait la volonté de produire Mondo Kino, une série de dix courts métrages de genre (3), confiant un genre différent par réalisateurs, ces derniers ayant été choisis par Le Village. Parmi les autres cinéastes, on citera Christophe Smith et Benoît Delépine (À l’arrachée), Christian Merret-Palmair (Bons baisers de Suzanne), Vincent Hachet (La capsule), Vincent Ravalec (Le dur métier de policier) ou encore les frères Poiraud (Salinas) et Marc Cortès (Nouveaux mariés).


Lorsque Le Village propose à Guillaume Bréaud de s’essayer au projet, la plupart des genres avait déjà été attribuée : western, polar, comédie…, mais il lui restait le film d’horreur. À l’époque, il travaillait avec le scénariste de Jan Kounen, Carlo de Boutiny, et, de fil en aiguille, a rencontré d’autres cinéastes, faisant tous partie d’une vague de cinéphiles passionnés d’un cinéma bis alors peu diffusé en France. C’est tout naturellement qu’il a proposé à ces mêmes cinéastes, qui réalisaient déjà des films s’inscrivant dans cette mouvance, de passer devant sa caméra pour des rôles plus ou moins longs, “comme une sorte de citation”, nous dit-il.


Aujourd’hui scénariste (il est l’auteur de Eat the Night, le prochain film de Caroline Poggi et Jonathan Vinel qui avaient précédemment dirigé Aomi Muyock dans Jessica Forever), Guillaume Bréaud n’a pas fait d’études de cinéma mais s’est très vite empressé de commencer à travailler sur des projets de courts.


Sa rencontre avec Gaspar, il la doit à Stéphane Drouot (que Gaspar appréciait énormément : il lui consacre d’ailleurs son Intoxication et lui offre un rôle aux côtés de Philippe Nahon dans Irréversible). Il raconte : “[je voulais faire un court-métrage produit par un ami et] je cherchais un appartement avec un long couloir qu'on puisse me prêter et quelqu'un m'a dit "Tu sais, Stéphane Drouot” - qui est une personne importante pour moi et pour Gaspar - “a tout tourné [Star Suburb, film de science fiction culte, NdR.] dans son appart. Ça se trouve il peut te le prêter.". J'ai contacté Stéphane que je ne connaissais pas [et on a tourné chez lui]. Gaspar, lui, l’avait rencontré parce qu’il voulait faire Carne en scope 16 et que Stéphane avait mis au point un système d’anamorphoseur pour caméra 16 pour Star Suburb. Un jour, Stéphane me dit “Tiens, il y a un pote, Gaspar, qui me demande de venir voir une projection d’étalonnage de son court métrage, tu veux venir ?” et c’est là que j’ai vu Carne pour la première fois.”


Le délai entre la décision de faire Je suis ton châtiment et le début du projet a été rapide, tout comme le tournage lui-même a été court : “deux jours pour tout faire”, dont une nuit pour filmer les faux extraits de films.


Au générique de Je suis ton châtiment, on notera tout de même que la musique originale est signée John Powell qui s’est par la suite illustré sur de nombreux blockbusters, notamment chez Dreamworks : Chicken Run, Shrek, ou encore L’Âge de Glace. En plus des guests cités précédemment, sont créditées d’autres personnes ayant collaboré avec Gaspar, notamment :


Stéphane Derdérian (assistant réalisateur de Seul contre tous ou Irréversible entre autres)

Katy Jones (maquilleuse SFX sur Climax)

Olivier Do Huu (Mixage son sur Carne, Seul contre tous ou On dirait qu’on serait)

Dominique Lacour (remercié dans Carne)

Marc Bruckert (crédité dans Seul contre tous mais ils ont probablement travaillé ensemble sur Une expérience d’hypnose télévisuelle ainsi que d’autres films produits par Le Village)

Jean-Christophe Spadaccini (maquilleur SFX récurrent chez Gaspar depuis Seul contre tous)

Denis Gastou (Irréversible)

Grégoire Pedron (Seul contre tous)

Katy Le Bihan (post-production de SIDA)

Fabien Krzyzanowski (remercié dans Carne)

La société Duran (pré-mixage de Seul contre tous)


Enfin, Guillaume Bréaud est lui-même remercié dans le générique de Seul contre tous pour avoir prêté sa 2CV afin de transporter le matériel de tournage, une “grande contribution artistique” ironise-t-il.


Aujourd’hui, Guillaume Bréaud nous explique que “Gaspar est resté une connaissance, amicale, que j’ai vu évoluer et parvenir à faire les films qu’il avait en tête.”. Il a ainsi pu voir l’évolution d’Enter the Void (dont il connaissait les premières ébauches sous le titre Soudain le vide dès les années 90) et a trouvé en Vortex un très beau film, qui sera à découvrir dans les salles courant 2022.


Un immense merci à Guillaume Bréaud pour sa disponibilité. Le film a été publié avec son accord ainsi que celui de ses producteurs.


Propos recueillis par Alexis Veille avec la contribution de Tanguy Renault pour le sous-titrage.

 

↑ (1) — À qui l’on doit la production du clip Si Mince ou Une expérience d’hypnose télévisuelle entre autres. La société a depuis fait faillite. Nicolas Leclercq, alors associé de Charles Petit, a ensuite décidé de continuer l’aventure de son côté en créant Entropie qui participa au financement d’Enter the Void avant d’être également liquidée.

↑ (2) — Pascale Faure est partie de Canal + en 2020 et a été remplacée par Brigitte Pardo, qui était déjà impliquée dans le projet Mondo Kino

↑ (3) — Nous ne savons pas si les dix films ont finalement pu être faits

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