Influences de Gaspar Noé | Le Temps Détruit Tout
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INFLUENCES

En 2012, Sight & Sound demande à Gaspar Noé de dresser une liste des films ayant le plus d'impact sur lui :

 

"Ceci est la liste des films qui ont eu le plus d'impact sur moi ou qui m'ont le plus influencé dans ma vie. Contre mon gré, j'ai dû exclure les films de Murnau, Lang, Von Stroheim, Browning, Dreyer, Belson, Pontecorvo, Wakamatsu, Fassbinder, Eustache, Cavalier, Cronenberg et Mungiu qui figuraient tous dans ma liste initiale beaucoup plus approfondie."

2OO1 : L'ODYSSÉE DE L'ESPACE

Stanley Kubrick, 1968

C'est le film que j'ai vu plus de fois que n'importe quel autre film dans ma vie - 40 fois ou plus. Ma vie a changé quand je l'ai découvert lorsque j'avais environ sept ans à Buenos Aires. C'était ma première expérience hallucinogène, mon point tournant artistique et aussi le moment où ma mère m'a expliqué ce qu'était un fœtus et comment je suis venu au monde. Sans ce film, je ne serais jamais devenu réalisateur.

AMOUR

Michael Haneke, 2012

J'ai hésité à rajouter ce film dans la liste car les émotions sont encore trop récentes. Je l'ai vu cette année à Cannes tandis que ma mère approchait la fin de sa vie aussi douloureusement que l'héroïne. J'ai peut-être pleuré plus que dans n'importe quel film de toute ma vie de cinéphile. Haneke a porté à l'écran la souffrance lié à la maladie et au vieil âge exactement comme ça existe dans toutes les familles, comme ça a dû exister depuis très longtemps.

SCHIZOPHRENIA

Gerald Kargl, 1983

Une grande leçon sur l'imagination visuelle mais aussi en psychopathologie. Ce film, toujours méconnu dans les pays Anglo-saxons, était ma référence perpétuelle lors du tournage de Seul Contre Tous. C'est le film le plus émotionnel sur un meurtrier que j'ai jamais vu. J'avais une VHS doublée en français que j'ai montrée à mes amis environ 50 fois.

UN CHIEN ANDALOU

Luis Buñuel, 1929

S'il y a une avant-première à laquelle je rêverais d'assister, c'est celle de ce film qui avait des décennies d'avance. Il y a plein de réalisateurs dont les films rendent jaloux, mais dans le cas de Buñuel, c'est aussi sa vie qui rend jaloux. C'est plus des larmes de joie qu'un appel au meurtre.

ERASERHEAD

David Lynch, 1977

Ce film est la deuxième raison pour laquelle j'ai eu envie d'apprendre à faire des films. Pour moi, c'est le film qui reproduit au mieux le langage des rêves et des cauchemars. Apparemment, Kubrick a un jour dit qu'il regrettait de ne pas l'avoir réalisé lui-même.

SOY CUBA

Mikhaïl Kalatozov, 1964

Un film révolutionnaire et lyrique où les mouvements changent la caméra en instrument symphonique, et l'une des principales sources d'inspiration pour les plans-séquences dans Irréversible et Enter the Void.

KING KONG

Merlan C. Cooper, 1933

Un autre film aussi parfait qu'extraordinaire. J'aurais voulu être à sa première projection en 1933! Ça devait être magique pour les spectateurs contemporains. Avec 2001 et Metropolis, c'est l'un des trois films les plus ambitieux de tous les temps et le plus grand spectacle de divertissement que je connaisse.

SALO ou les 120 journées de Sodome

Pier Paolo Pasolini, 1975

Le film que ma mère a considéré essentiel de m'emmener voir la veille de mes 18 ans. J'étais assez vieux pour apprendre la torture et la nature reptilienne des relations humaines. À ce jour, je continue de le considérer comme étant le film le plus éducatif sur la domination de l'Homme sur l'Homme. 

SCORPIO RISING

Kenneth Anger, 1963

Un film aussi unique que parfait. Tout comme pour Un Chien Andalou, je peux le voir et revoir sans jamais m'en lasser. Une grande expérience esthétique qui ne peut être comparée qu'avec l'autre chef d'œuvre de Anger, Inauguration of the Pleasure Dome.

TAXI DRIVER

Martin Scorsese, 1975

S'il y a un héros de cinéma que je rêverais d'être, c'est Travis Bickle. Ce film me remplit de joie grâce au charisme de De Niro et de la mise en scène amphétaminique de Scorsese. C'est le plus gentil et le plus cinéphile des réalisateurs que j'ai eu la chance de rencontrer. Avec Macadam Cowboy et Taxi Driver, ce film semble le mieux représenter le New-York sali des années 60 et 70 comme étant le centre du monde dans lequel j'ai partiellement grandi.

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